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Jennifer A. Patterson / OIT (CC BY-NC-ND 2.0)
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Atténuer les effets du Covid-19 en Afrique de l'Ouest

Alban Ahouré
Cellule d'analyse des politiques économiques du CIRES (CAPEC)

Au lendemain de la pandémie de Covid-19, les gouvernements du monde entier ont pris une série de mesures pour lutter contre la propagation de la pandémie, notamment des mesures de confinement, la fermeture de lieux publics et des restrictions de mouvement. Dans le contexte africain dominé par le secteur informel, ces mesures publiques ont durement touché les ménages, ainsi que les travailleurs et les entreprises du secteur informel. En réponse, les gouvernements ont adopté des mesures pour atténuer les effets de la pandémie de Covid-19 sur ces populations fragiles.

Notre recherche

Depuis août 2020, la Cellule d'Analyse de Politiques Economiques du CIRES (CAPEC) en Côte d'Ivoire évalue l'impact des politiques publiques Covid-19 au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d'Ivoire et au Sénégal.

Nous travaillons en collaboration avec le Laboratoire d'Analyse Quantitative Appliquée au Développement du Sahel (LAQAD-S) du Burkina Faso, le Laboratoire de Recherches Economiques et Monétaires (LAREM) du Sénégal et le Centre d'Etudes et de Recherche en Economie et Gestion (CEREG) du Cameroun.

Le projet, qui se concentre spécifiquement sur les jeunes, les femmes et les entreprises (formelles et informelles) dans les quatre pays, vise à évaluer les changements dans les activités, les revenus, la consommation et le bien-être. Il évalue également l'impact des politiques publiques et des stratégies endogènes mises en œuvre par ces populations et entreprises informelles sur leur résilience.

Effets sur les ménages

Dans les quatre pays, le Covid-19 a contribué à une baisse significative des revenus et de la consommation des ménages, ainsi qu'à des pertes d'emplois pour les membres du ménage. Selon une enquête que nous avons menée, les pertes d'emplois étaient plus importantes chez les hommes que chez les femmes dans chaque pays. Les ménages ont adopté des stratégies de résilience, notamment la désépargne, le travail indépendant et le changement d'emploi pour s'adapter à la situation.

En Côte d'Ivoire, une mesure de « transfert d'argent » pour les ménages pauvres connue sous le nom de « Fonds de Solidarité » de 170 milliards de francs CFA (environ 283,33 millions de dollars américains) a contribué à couvrir les dépenses essentielles du ménage, à financer des activités génératrices de revenus et rétablir le statut de chef de famille. Au Sénégal, la mesure la plus connue était la distribution alimentaire. Au Burkina Faso, il s'agissait d'une aide gouvernementale pour payer les factures d'eau et d'électricité. Au Cameroun, ce fut la distribution de masques et de gels hydro-alcooliques.

En Côte d'Ivoire, les dépenses par habitant des ménages bénéficiaires ont augmenté de manière significative par rapport aux ménages non bénéficiaires. Les mesures au Burkina Faso ont également eu un effet positif sur les dépenses de consommation des ménages ; cependant, la différence n'est significative que parmi les ménages dirigés par des hommes. Il semble que les mesures aient été moins pertinentes pour les ménages dirigés par des femmes. Malgré l'importance de ces mesures pour la résilience des ménages, quelques lacunes ont été relevées quant à la qualité de la stratégie de ciblage des bénéficiaires de ces politiques et leurs courtes durées alors que le Covid-19 a duré plus de 2 ans.

Effets sur les entreprises informelles

Le Covid-19 a profondément affecté les performances des entreprises informelles pendant les périodes de restrictions sévères dans les quatre pays. Au Cameroun, par exemple, 87,37 pour cent des entrepreneurs interrogés ont déclaré avoir connu une baisse de leurs activités pendant ces périodes (contre seulement 4,66 pour cent des entreprises informelles avant le Covid-19).

Les entreprises qui sont restées en activité ont dû faire face à de nombreux défis tels qu'un accès limité au financement et une faible capacité d'innovation. Les facteurs qui ont contribué à la résilience comprennent la création de nouveaux produits et services (par exemple, la livraison de repas à domicile pour les restaurateurs), l'amélioration du service et la réduction des heures de travail. Les politiques publiques mises en œuvre ont généralement consisté en un report de certaines taxes (que paient les entreprises informelles). Au Cameroun, un fonds d'appui aux PME a été créé (pour le secteur formel et informel). En Côte d'Ivoire, un fonds d'appui aux acteurs du secteur informel de 100 milliards de francs CFA (environ 166,67 millions USD) a été mis en place.

Les mesures de politique publique en faveur des entreprises informelles - notamment les mesures de suspension d'impôts et les fonds spécifiques - ont été pour elles une bouffée d'air frais. Cependant, il y a eu une communication insuffisante sur l'existence et les conditions des fonds, ainsi qu'une faiblesse dans le suivi des entreprises bénéficiaires.

Les mesures publiques sont essentielles pour atténuer les effets négatifs des chocs, en particulier sanitaires, sur les ménages vulnérables et les acteurs du secteur informel. Cependant, le gouvernement doit mieux communiquer sur les mesures et adapter les conditions d'éligibilité aux fonds aux réalités des acteurs du secteur informel. Ces acteurs devraient bénéficier de programmes de renforcement des capacités pour accroître leurs connaissances et leur capacité à innover et à répondre aux critères d'éligibilité aux fonds, en vue d'accroître leur résilience aux chocs exogènes.

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